En 1663, en Nouvelle-France, on comptait six célibataires masculins pour une femme en âge de procréer ! Le peuplement de la jeune colonie se faisait au compte-gouttes. Le roi Louis XIV prend les choses en main. Il dissout la Compagnie de la Nouvelle-France, instaure un Conseil souverain formé du gouverneur, de l’évêque et de l’intendant Jean Talon, et pour assurer la sécurité du commerce et du peuplement face à la menace iroquoise, il dépêche dans la colonie le régiment de Carignan (1200 soldats) et favorise l’envoi de filles à marier.
Pour la plupart, ces jeunes femmes étaient célibataires, orphelines, de condition modeste ou encore veuves sans enfant et avaient entre 15 et 30 ans; elles voulaient immigrer en Nouvelle-France pour s'y marier, fonder un foyer et établir une famille pour changer leur condition.
On confiait la direction de chaque contingent de ces émigrantes à une femme de France ou de la Nouvelle-France, bien recommandée et capable de maintenir les protégées sous une discipline rigoureuse, dans des vaisseaux peu confortables où elles étaient en contact avec les matelots, les engagés et les soldats.
Seulement quelques noms de ces accompagnatrices subsistent dans les écrits, dont madame Jean Bourdon, dite Anne Gasnier, et la demoiselle Elisabeth Estienne.
Entre leur arrivée à Québec et leur mariage, les Filles du Roi étaient placées sous la protection de religieuses, de veuves ou de familles. Elles y étaient logées et nourries. Marguerite Bourgeoys les nomme « Filles du Roy » en raison de la dot que le roi Louis XIV leur accorde pour faciliter leur implantation en Nouvelle France.
En effet, Louis XIV agissait comme un tuteur en payant les frais de leur voyage et leur attribuait une dot lors de leur mariage.
...Leurs hardes se composent de bien peu de choses : un petit coffre, appelé cassette, destiné à ranger des bijoux ou de l'argent et quelques vêtements dont une coiffe, un bonnet, une paire de bas, des gants et un mouchoir. On leur remettait aussi des accessoires pour la couture : des épingles, des aiguilles, du fil et des ciseaux. À ce petit bagage s'ajoutaient la somme de deux livres en argent pour la traversée...
Cette dot était ordinairement de 50 livres qui parfois n’était même pas versée, ces filles étant généralement mariées six mois plus tard.
Après vents et marées et une traversée longue et pénible qui dura plusieurs semaines (de 2 à 4 mois) Jeanne LEROY, sans aucun doute embarquée sur le navire Saint-Jean-Baptiste, arrive en septembre 1669 au Québec. Elle apporte des biens estimés à 300 livres et un don du roi de 50 livres.
sources : nos ancêtres, société d'histoire, medarus, mcq.histoire.
"... Dans l'entrepont du bateau-marchand s'entassent équipage, passagers, cargaison, animaux et vermine dans une exiguïté abominable... Au cours des semaines que durent la traversée, on jette en mer quelques corps de malheureux passagers qui n'ont pu résister à ces conditions presqu'inhumaines..."
extrait du livre "Marie Brazeau" de Rémi Tougas
Il est venu 764 filles à marier. Pour le premier contingent de 1663, elles étaient 36; En 1664, elles sont 14, en 1665 : 90, en 1666 : 25, en 1667 : 90, en 1668 : 81; En 1669, 1670 et 1671, les 3 années charnières qui ont vraiment fait changer la donne : 131, 120 et 115; En 1672 : 15 et enfin, en 1673 : 51.
